D'un soir un jour - cie Rosas - Anne Teresa de Keersmaeker
Toulouse - TNT - 29 novembre 2006
De l'après midi d'un faune, il y a d'abord la musique de Debussy : une mélodie de volutes et volupté, une légèreté, une insouciance, puis le faune, chimère homme et bête à la sensualité troublante, un appel, un profil, puis le plaisir, scène finale d'une jouissance solitaire.
Keersmaeker rend un très bel hommage à cette pièce du répertoire en y mettant sa pâte. Une danse à l'épiderme érotique. Ouverture sur des images éthérées qui se mouvent dans leur propre contemplation.
Le cadre étant déposé, un solo magnifique du faune : un corps noueux qui délie ses muscles comme un cheval qui s'étire, prêt à ruer comme à hennir, mais allongé félin plus que chevalin, il se réveille puis se repose, une main au centre des pulsions, le visage caché en un repli pudique.
La scénographie par son plafond de néons amène une tension lumineuse et un silence chargé d'une vibration. Les interprètes, nudité sous robe de voile, costumes androgynes, portent une danse qui épouse la musique, visions oniriques ou fantasmagoriques, légèreté et volutes, confusion des genres, langueur et nervosité mais aussi impertinence aux clins d'oeil décalés.
C'est un beau moment, révérence au passé et un présent qui s'assume dans le plaisir des corps, la danse.