D'un soir un jour - cie Rosas - Anne Teresa de Keersmaeker

Publié le par Sarah

 Toulouse - TNT - 29 novembre 2006

 De l'après midi d'un faune, il y a d'abord la musique de Debussy : une mélodie de volutes et volupté, une légèreté, une insouciance, puis le faune, chimère homme et bête à la sensualité troublante, un appel, un profil, puis le plaisir, scène finale d'une jouissance solitaire.

 Keersmaeker rend un très bel hommage à cette pièce du répertoire en y mettant sa pâte. Une danse à l'épiderme érotique. Ouverture sur des images éthérées qui se mouvent dans leur propre contemplation.

 Le cadre étant déposé, un solo magnifique du faune : un corps noueux qui délie ses muscles comme un cheval qui s'étire, prêt à ruer comme à hennir, mais allongé félin plus que chevalin, il se réveille puis se repose, une main au centre des pulsions, le visage caché en un repli pudique.

 La scénographie par son plafond de néons amène une tension lumineuse et un silence chargé d'une vibration. Les interprètes, nudité sous robe de voile, costumes androgynes, portent une danse qui épouse la musique, visions oniriques ou fantasmagoriques, légèreté et volutes, confusion des genres, langueur et nervosité mais aussi impertinence aux clins d'oeil décalés.

 C'est un beau moment, révérence au passé et un présent qui s'assume dans le plaisir des corps, la danse.

Publié dans Danse

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L
Je suis étonné par ton analyse sur le dernier spectacle d'ATK. Tu as écris un beau texte poétique mais ta poésie ne cache-t-elle pas la pauvreté du propos d'"un soir, un jour"? Nous sommes souvent en phase mais là, je ne comprends pas ton regard. Tu évoques une vibration, là où je n'ai vu qu'enfermement! Tu écris que la "danse épouse la musique": or, il fallait voir à quel point c'etait tout le contraire à Montpellier (mais la danse doit-elle être en phase avec la musique? Ne s'agit-il plutôt pas de dégager du sens?).<br /> Je mets le lien vers la critique que je faisais en juin 2006 lors de Montpellier Danse. Clochettes et le Tadorne font le grand écart!!<br /> A bientôt<br /> pascal<br /> <br /> http://www.festivalier.net/article-3174243-6.html#anchorComment
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N
Je sais que les avis sur ce spectacle sont très mitigés mais qu'à cela ne tienne, je me suis vraiment laissée prendre. Je n'ai pas du tout ressenti l'enfermement, au contraire. Je n'ai pas cherché non plus un propos autre qu'un certain plaisir à danser, à être dans le mouvement, dans l'esthétisme, ce qui peut être contesté et l'est souvent en danse contemporaine et qui ne me gêne que quand le chorégraphe met de la prétention là-dedans, ce qui ne m'a pas semblé être le cas. Puis j'ai adoré le solo du faune. La danse n'a pas nécessairement à épouser la musique mais là, ça fait vraiment partie de l'identité d'ATK, c'est ce qui me plaît dans son travail même quand je suis déçue comme je l'avais pu être de son travail sur la musique de Miles Davis (dont j'ai oublié le nom).