Matamore - Cirque Trottola
Festival de cirque de Auch - Octobre 2013
Il est question de cirque et pas seulement avec Matamore. Le chapiteau a une disposition assez particulière : une sorte d'arène où les spectateurs observent de haut la scène, nous observons de notre piedestal la comédie humaine. Celle qui emprunte aux fondamentaux du théâtre et du cirque : personnages de commedia dell arte, marionnettes de cirque, pantomimes élégants, lutins ou monstres prêts à surgir de leur boîte.
Nous ne savons pas encore quels sont les enjeux, mais ils les déplacent de façon très intelligente. On retrouve bien les numéros de cirque, la prise de risque inhérente, la cruauté et la tendresse sous-jacentes, tous ses oxymores triviaux et cathartiques qui font de la piste un espace de poésie ou de mise à mort, les deux, de façon indissoluble et indicible, pour mieux accepter cet effroyable élan vital de l'éphémère propre à cette discipline.
C'est effroyable et magnifique. Nous sommes en prise avec des figures d'enfants, une trame faussement simple pour dire le compliqué d'une nature monstrueuse et majestueuse, l'humain déformé par un miroir, matamore.
Le fouet claque dans le sourire fabriqué du maître du jeu et la créature de papier, se voit petit à petit mutilé, amputé, voué à retourner confettis et la prouesse claque, joyeuse.
Les clowns s'embrassent et s'entretuent, gladiateurs vagabonds, funambules dodelinants, drôles de misère, splendides drôles.
Le numéro du petit chien touche, îlot de tendresse, inattendu d'innocence mignonne.
Le jongleur danse avec un pistolet, salomé serpentine qui fascine, hypnotique.
Matamore est allé au coeur de ce qui le constitue, sans faux-semblants, et s'inscrit, indispensable dans l'histoire de la piste.