Même pas seuls - cie la Folia - Christine Bastin

Publié le par nectar.safran@hotmail.fr

 Juillet 2006 - Festival off d'Avignon

 

 Même pas seuls : un couple sans communication, spectateur de la boite à fiction à laquelle ils s'identifient, un cercle vicieux , la télévision comme distorsion de nos fantasmes et de notre réalité, la télévision comme moteur d'une raison d'être, finalement ils ne communiquent plus que par télévision interposée ou en référence à celle-ci. Même pas seuls avec ce drôle de fil conducteur : apprendre par la télévision à remplir le vide du quotidien, apprendre à onomatoper pour tout dialogue, à singer en guise de jeu, voire même apprendre à s'aimer par le biais de cette tierce présence qui rend tout possible ; évacuer ses frustations, verser définitivement sa vie dans l'artifice de sa réalité.

 Voici un duo faussement narratif sur le quotidien d'un couple "France d'en bas" pour reprendre cette raffarinade qui mettra du temps à se démoder tellement le raccourcis a la force d'un slogan publicitaire. Faussement narratif parce que le ton nuancé est fortement inscrit dans le mouvement, avec une trame fantoche à la constance comique (le couple suit la télévision où passe notamment ce film à la mélodie pipeau emblématique, à savoir le titanic) ; un ton dépourvu de mépris ou de condescendance mais non dépourvu d'humour et d'énergie, ni d'une certaine acidité. L'énergie de la danse est d'ailleurs ce qui donne toute sa justesse au ton du duo : elle emporte ses personnages au-delà de leur histoire, leur donne une constance et permet d'espérer pour eux autre chose qu'une médiocrité sans issue, une humanité sans intelligence et tendresse. Une force qui doit juste trouver une issue, espére-t-on, un sens tout simplement, joli vecteur à cette question que la danse comme narration non linéaire, non figée, une narration indéterminée, une narration sans fatalité.

 

 

Publié dans Danse

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