L'élégance du hérisson - Muriel Barbery

Publié le par nectar.safran@hotmail.fr

L'élégance du hérisson - Muriel Barbery


J'avais déjà lu du même auteur "une gourmandise" qui était passé inaperçu auprès du grand public (du moins comparé à l'élégance du hérisson) alors même que pour une fois la littérature flattait nos papilles tandis que nous suivions un anti-héro pas très sympathique mais avec un certain talent de critique culinaire.

L'élégance du hérisson est un succès en librairie, un succès mérité puisque ce livre est un petit bijou : un plaisir d'écriture, des personnages dont la finesse culturelle et humaine nous embarque dans une vision joliment subjective de leur entourage et de la vie. 

J'ai commencé la première page et je me suis retrouvée greffée à ce livre, j'ai désormais envie de relire tout Tolstoï, de découvrir les films d' Ozu, de jouer au go pour apprendre à construire une vie dans le respect de l'autre...

 

Extrait du livre (journal de Paloma 12 ans)


" Alors évidemment, j'ai mes pensées profondes. Mais dans mes pensées profondes, je joue à ce que je suis, hein, finalement, une intello (qui se moque des autres intellos). Pas toujours très glorieux mais très récréatif. Aussi j'ai pensé qu'il fallait compenser ce côté "gloire de l'esprit" par un autre journal qui parlerait du corps et des choses. Non pas les pensées profondes de l'esprit mais les chefs-d'oeuvre de la matière. Quelque chose d'incarné, de tangible. Mais de beau ou d'esthétique aussi. A part l'amour, l'amitié et la beauté de l'Art, je ne vois pas grand chose qui puisse nourrir la vie humaine. L'amour et l'amitié, je suis trop jeune encore pour y prétendre vraiment. Mais l'Art... si j'avais dû vivre, ç'aurait été toute ma vie. Enfin, quand je dis l'Art, il faut me comprendre : je ne parle pas que des chefs d'oeuvre de maîtres. Même pour Vermeer, je ne tiens pas à la vie. C'est sublime mais c'est mort. Non, moi je pense à la beauté dans le monde, à ce qui peut nous élever dans le mouvement de la vie. Le journal du mouvement du monde sera donc consacré au mouvement des gens, des corps, voire, si vraiment il n'y a rien à dire, des choses, et à y trouver quelque chose qui soit suffisamment esthétique pour donner un prix à la vie. De la grâce, de la beauté, de l'harmonie, de l'intensité. Si j'en trouve, alors je reconsidèrerai peut-être les options : si je trouve un beau mouvement des corps, à défaut d'une belle idée pour l'esprit, peut-être alors que je penserai que la vie vaut la peine d'être vécue."

Publié dans En vrac

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F
<br /> Waw, superbe travail, merci à vous pour ces idées et notez dans un premier temps que je partage votre point de vue... Hum voilà tout est dit, votre article est réellement très bon, le tout est très<br /> instructif... PS : Vous avez un très bon style, bravo !<br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Merci !<br /> <br /> <br /> <br />
D
Bonjour, merci pour ce billet louangeur sur l'Elégance qui a été aussi pour moi un grand plaisir de lecture. Il y avait longtemps que je n'avais pas autant ri à une lecture. Je recommande vivement cet hérisson (voir mon premier de blog du 09/01/09) Bonne fin d'après-midi.
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C
Tout à fait d'accord avec Tinkerbell. La France entière s'est soudain découvert une grande passion pour Tolstoï depuis le succès (à mon avis, largement immérité) du livre de M. Barbery. Malheureusement, il est vrai que la notion de culture en France repose sur l'hypocrisie... J'en veux pour preuve les innombrables ouvrages type "la culture pour les nuls", "la littérature à portée de main" ou l'horrible "les mille et un livres quil FAUT avoir lu". Entre la Star Academy et Leclerc, la littérature est-elle en passe de devenir un produit consommable et jetable ?
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S
<br /> C'est amusant de voir la virulence des réactions que suscitent l'élégance du hérisson : des personnes très cultivées qui critiquent avec emphase un auteur très cultivé. Il y a donc le complexe de<br /> l'intellectuel, terme il est vrai fortement péjoratif et ce, depuis ses origines ! Et pourtant Tolstoï EST un auteur intéressant et n'a rien à voir avec l'existence de la "culture pour les nuls".<br /> Je crains que trop souvent, on se trompe de cible, voire même, on scie la branche sur laquelle nous sommes perchés.<br /> <br /> <br />
T
C'est fou le nombre de gens qui prétendent avoir envie de "relire" Tolstoï depuis le succès-surprise du roman de Mme Barbery... Un peu d'humilité serait la bienvenue...Pourquoi ne pas tout simplement dire de "lire" Tolstoï ?
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S
En toute "humilité" Tinkerbell, Tolstoï a marqué mon année de terminale, il s'agit donc bien de le "relire". Si ça peut te rassurer, pour autant ,malgré l'hypokhagne qui en avait fait une lecture imposée, je n'ai jamais lu Flaubert ou Proust, j'attends de passer aux cheveux poivre sel pour y remédier.