L'amour humain - Andreï Makine

Publié le par Sarah

 L'amour humain est un très beau livre, et Andreï Makine un auteur que j'ai très envie de continuer à découvrir.

 Il brosse le portrait d'Elias Almeida, révolutionnaire Angolais, frappé du souvenir maternel niché dans le creux d'un coude, de la nécessité de participer à l'insupportable déroulement de l'Histoire, frappé d'amour, pour une femme.

 Dès lors tout est dit, tout est compris ; comment peut réussir une révolution si les êtres n'apprennent pas l'essentiel ?

 L'écriture s'engouffre dans le gouffre des révolutions, guerre froide, guerres civiles, dans les atrocités et absurdités de ce monde pour nous déposer délicatement au coeur des instants précieux, qui, malgré toute cette dureté, d'un effleurement permettent de survivre mais surtout de comprendre, la marche du monde et celle des hommes.

   Extrait - Début du livre -

 "Sans l'amour qu'il portait à cette femme, la vie n'aurait été qu'une interminable nuit, dans les forêts du Lunda Norte, à la frontière entre l'Angola et le Zaïre.

 J'y partageai deux jours de captivité avec un confrère, un instructeur militaire soviétique, et avec ce que nous prenions pour un cadavre étendu au fond de notre geôle en glaise séchée, un Africain vêtu non pas d'un treillis, comme nous, mais d'un costume sombre et d'une chemise blanche brunie de sang.

 Menacée, l'existence se montre nue et nous frappe par l'extrême simplicité de sa mécanique. Durant les heures d'emprisonnement, je découvris ces rouages frustes : la peur efface notre prétendue complexité psychique, puis la soif et la faim chassent la peur, reste l'ahurissante banalité de la mort, mais ce frisson de l'esprit devient vite risible face à l'inconfort des petites servitudes corporelles (comme celle, pour nous deux, d'uriner en présence d'un cadavre), enfin vient le dégoût de soi, de cette petite bulle d'être qui se croyait précieuse, car unique, et qui va crever parmi d'autres bulles."

Publié dans En vrac

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