Par le Boudu - Bonaventure Gacon

Publié le par Sarah

 TNT - Dimanche 14 janvier

  

 Le Boudu entre. Dans l'obscurité, faiblement éclairées, une table de bois, une chaise.

 Je crois qu'un personnage de clown tient d'un art très fin de l'observation. Qui aime observer ses congénères sait, le plaisir qui se trouve, presque imperceptible, anguille au regard, renard à capturer : une rondeur dans le mouvement, une inquiétude dans le doigté, un papillonement dans les yeux, une nervosité dans les jambes, une interrogation aux sourcils, une exclamation sur les lèvres, un vibrato dans la gorge.

 Le boudu est un dessin d'enfant : un personnage rond, aux bras et jambes batons, étonné et colérique, phrases saccadées, onomatopées puis fleuves, il gigote et trafique, s'énerve.

 Un personnage méchant.

 Sa méchanceté n'est qu'une illusion dans cette caverne aux vérités brutes.

 Il est seul, visage joues et barbe, bonnet de rien, coups à bout de chaussures et poêlon. Impulsivité agressive, il se polie à la poésie, se mélancolie à la musique tandis que la conscience de la mort le vide, amère, constante, présente, chiante, triste, trou qui pourrait presque aspirer ce ventre rond, aux gargouillis d'ogre et trémolos, à l'énergie gargantuesque. Presque.

 Vient un rire qui ne se rit pas, un sourire qui se piaffe en souffrir, une tendresse primaire pour ce rebut.

 Il nous catharsise et nous aboie, à force de chutes "senties" , que nous appartenons à sa caverne.

 Musique.

Publié dans Cirque

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